jeudi 16 novembre 2023

La femme dans le théâtre de Shakespeare

Thierry Lemaître nous fait partager ses réflexions sur la place de la femme dans le théâtre de Shakespeare.
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Explorer l’univers de Shakespeare, c’est aller et venir entre le plein d’une œuvre et le vide d’une biographie que le loquace dramaturge s’est gardé d’alimenter : pas de notes d’écrivain, pas de correspondances conservées, tout au plus quelques traces égrenées chez des notaires ou dans les archives de sacristies, peu de choses, presque rien, « …and curst be he y moves my bones. » (et maudit soit celui qui remue mes os),  nous rappelle son épitaphe. Pourquoi ne pas laisser l’homme tranquille et se contenter d’écouter ses personnages, entraînés par leurs passions dans le récit qu’ils élaborent en restant fidèles à eux-mêmes ? Parce qu’en dépit de la folle variété des situations qu’ils traversent, épiques ou cocasses, il y a quelque chose de commun à eux tous, c’est un même ressort dans la manière de saisir la vie, de brosser des fonds de tableaux, de faire pirouetter les phrases. C’est ce qu’on appelle le style, dont la singularité à chaque instant ressuscite auprès de nous une présence affairée, souriante, aiguë dans le regard, gaillarde dans le commentaire, aimant provoquer les contraires et attiser les extrêmes, débordant de gentillesse même quand il lui faut côtoyer la méchanceté, bref la présence de Shakespeare. Le public était si content de l’applaudir et nous, nous ferions mine de le méconnaître ! Puisque nous ignorons sa vie privée, guettons-le dans les coulisses de ses textes pour qu’il nous fasse entendre sa vérité, dont il était si fier, qui a tant de goût. Oui, que la vérité ne soit pas dissociée d’une saveur, c’est déjà tout un art de vivre : une vérité juteuse, qui se régurgite douceâtre ou épicée, amère ou pleine de miel, et d’autant plus convaincante que ses senteurs sont fortes, qu’elles soient âcres ou fétides.


Donc des personnages très diserts, un auteur très discret et néanmoins une relation familière, indéfectible, entre eux et leur créateur : l’approche est simple, à partir de laquelle, pourtant, on hésite et on s’interroge. Quel fut le degré d’autonomie d’un personnage, dans son apparition, dans sa course, dans son positionnement vis-à-vis de ses comparses, dans sa destinée ? N’existait-il pas bien avant d’apparaître sur scène, dans quelle limbes s’était-il alors tenu tranquille, attendant son heure, frappant à l’huis, sommé d’attendre, faisant irruption, occupant tout l’espace, récupérant le talent du dramaturge, le poussant à bout avant de finir parfois sous le tranchant d’une arme blanche, ce qui faisait goûter à Shakespeare l’exquise douleur de mourir, par procuration ? Représentait-il l’une des nombreuses facettes d’une personnalité polymorphe ou était-il né du penchant de l’écrivain à épouser l’une après l’autre les causes les plus diverses et leurs contraires, comme s’il prenait plaisir à donner raison à l’adversaire,  à se voir en difficulté ? « Parviendras-tu à t’en tirer ? », demande le personnage à William, demande William à son héros, se demande Shakespeare à lui-même.
Très bien, très bien, mais que faites-vous des personnages portant jupon, de quelles sources leurs eaux ont-elles jailli ?



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