mercredi 15 novembre 2023

Traduction de 125 sonnets de Shakespeare

Thierry Lemaître nous livre sa traduction des sonnets de Shakespeare, voici les deux premiers.
Si vous souhaitez continuer la lecture, un lien ci-dessous vous permettra de lire ou d'imprimer la totalité avec Google documents.



[ La genèse : 1 à 17 ]

Sonnet 1


Des plus belles créatures nous désirons la croissance
De sorte que la rose de la beauté ne puisse jamais mourir,
Mais, comme la plus accomplie ne manque pas de faner à son heure,
Que son tendre héritier puisse porter sa mémoire ;

Mais toi, réduit à tes propres yeux brillants
Tu nourris la flamme de ta lumière avec l’énergie de ta substance même,
Créant une famine là où gît l’abondance,
Toi-même ton ennemi, à ton être intime trop cruel.

Toi, qui es à présent le frais ornement de ce monde
Et seul annonciateur du printemps fastueux
Dans ton propre bouton tu enfouis ton trésor
Et, tendre rustre, gaspilles en lésinant.

Aie pitié du monde ou alors que vienne ce glouton :
Pour manger ce qui est dû au monde, en la tombe et en toi.


Sonnet 2


Quand quarante hivers auront assailli ton front
Et creusé de profonds sillons dans le champ de ta beauté
La fière livrée de ta jeunesse, aujourd’hui objet de tant de regards,
Sera une tenue déguenillée, estimée à peu de prix.

Alors, si l’on te demande où se trouve toute ta beauté,
Où sont tous les trésors de tes jours luxurieux,
Dire qu’ils sont dans tes yeux creux comme des abîmes
Serait toute honte bue et louange en pure perte.

Quel plus bel éloge l’usage de ta beauté mériterait
Si tu étais en mesure de répondre : “ce bel enfant de moi
Soldera mon compte ; c’est l’excuse de mon âge”,
Démontrant que, par filiation, sa beauté est tienne.

Ce serait être bâti à neuf quand tu seras vieux
Et voir ton sang chaud quand tu le sentiras froid.









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