Thierry Lemaître nous livre sa traduction des sonnets de Shakespeare, voici les deux premiers.
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[ La genèse : 1 à 17 ]
Sonnet
1
Des
plus belles créatures nous désirons la croissance
De
sorte que la rose de la beauté ne puisse jamais mourir,
Mais,
comme la plus accomplie ne manque pas de faner à son heure,
Que
son tendre héritier puisse porter sa mémoire ;
Mais
toi, réduit à tes propres yeux brillants
Tu
nourris la flamme de ta lumière avec l’énergie de ta substance même,
Créant
une famine là où gît l’abondance,
Toi-même
ton ennemi, à ton être intime trop cruel.
Toi,
qui es à présent le frais ornement de ce monde
Et
seul annonciateur du printemps fastueux
Dans
ton propre bouton tu enfouis ton trésor
Et,
tendre rustre, gaspilles en lésinant.
Aie
pitié du monde ou alors que vienne ce glouton :
Pour
manger ce qui est dû au monde, en la tombe et en toi.
Sonnet
2
Quand
quarante hivers auront assailli ton front
Et
creusé de profonds sillons dans le champ de ta beauté
La
fière livrée de ta jeunesse, aujourd’hui objet de tant de regards,
Sera
une tenue déguenillée, estimée à peu de prix.
Alors,
si l’on te demande où se trouve toute ta beauté,
Où
sont tous les trésors de tes jours luxurieux,
Dire
qu’ils sont dans tes yeux creux comme des abîmes
Serait
toute honte bue et louange en pure perte.
Quel
plus bel éloge l’usage de ta beauté mériterait
Si
tu étais en mesure de répondre : “ce bel enfant de moi
Soldera
mon compte ; c’est l’excuse de mon âge”,
Démontrant
que, par filiation, sa beauté est tienne.
Ce
serait être bâti à neuf quand tu seras vieux
Et
voir ton sang chaud quand tu le sentiras froid.
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